Ou comment une humaine "normale" est devenue la farouche "Pieds-nus dans le saaableuuh"Elhin était une humaine par-fai-te-ment ordinaire. Des parents banaux. Une vie banale. Et j'en passe.
Mais... il y eût un malheureux jour où elle offensa un gnome. Celui-ci était mage, et il jura de se venger... il lui lança un épouvantable maléfice, faisant en sorte que toutes les chaussures qu'elle porterait aient immédiatement de grandes idées de voyages et partent à la première occasion.
Les premières chaussures qu'elle mît après avoir reçu la malédiction étaient de superbes bottines vertes fluo qu'elle avait faites elle-même. C'était d'ailleurs son premier chef d'œuvre de tailleur.
Sans pitié, les bottes s'en allèrent à destination de Tanaris.
Le coeur brisé par cette première trahison, Elhin décida de partir à l'aventure en s'orientant vers la voie des soins.
En chemin, elle rencontra le guerrier Heavensblade, qui entreprit de la recruter dans l'Alliance des Naarus, une superbe guilde qu'elle adora immédiatement. Lors d'une visite dans leur QG (qui lui rappelait ses premières bottes, car il se trouvait près de Tanaris), elle instaura une coutume étrange, qui était la "pieds nus dans le saaaableuuh" attidud', laquelle fut automatiquement adoptée par une bonne partie de la guilde, qui finirait bien par se promener au QG pieds nus.
Elhin était aussi tombée sous le charme (irrésistible) d'Heavensblade, qu'elle ne quittait plus.
Comme la prêtresse était tombée sous l'emprise du culte des Cherry (à cause de Ridza, la Cherry Suprême, qui était une amie à elle), elle espérait plus que tout que Heaven tomberait lui aussi un jour dans ce culte.
_____________________________________________________________________________________
Après la naissance de Vaegan, Elhin se retira dans le sud de Tanaris pour l'éduquer convenablement. Lui apprendre à vénérer la Lumière, notamment (nom d'une ptite Ampoule). Elle voyait de moins en moins son mari, celui-ci étant toujours plus occupé par les combats qui avaient repris... désolée par son absence continuelle, elle décida de confier Vaegan à Ridza, pendant qu'elle partait vers le nord, afin de poursuivre son éducation de prêtresse. Elle voulait rejoindre Heaven sur les champs de bataille.
Elle passa les Maleterres, continuant vers des contrées qu'elle n'avait qu'imaginées, pour rejoindre... une zone dont elle avait entendu parler, où les morts-vivants pullulaient.
Il y avait là, disait-on, un ancien Réprouvé qui avait trahi son camps pour vivre en ermite dans les Clairières de Tirisfal. Ce n'était qu'une légende, et pourtant, Elhin ne douta pas un instant qu'elle fut vraie. Elle n'avait que trop besoin de son aide et de son enseignement.
Arrivée dans la sombre région, évitant les routes, elle partit à la recherche de la fameuse tour où il vivait reclus et la trouva, chose curieuse, assez facilement.
La tour était sombre, mais puait moins que les environs. Délabrée. Se demandant comment quelqu'un pouvait vivre ici, Elhin entra.
Elle n'avait pas refermé la porte qu'un visage sortait de l'ombre.
L'homme (ou, en fait, le mort-vivant) lui adressa un demi-sourire sadique (demi, parce qu'il n'avait plus la mâchoire inférieure).
- Je savais que tu viendrais.
- Vous saviez... ?
- Bien sûr, comment aurais-tu pu parvenir ici sinon ?
Il avait un ton désagréable, hautin.
- Vous savez, dans ce cas, pourquoi je viens ? interrogea la prêtresse.
- Bien sûr. Tu veux apprendre la magie de l'ombre, magie presque oubliée et sous-estimée chez les tiens, et le peut de prêtres qui la pratiquent se font rejeter parce que beaucoup considèrent qu'un prêtre est là pour soigner. Tu sais le sacrifice que tu devras faire ? Abandonner la Lumière que tu chéris tant depuis ton plus jeune âge pour t'abandonner à l'ombre. N'est-ce pas trop pour toi ?
- Non, j'ai pris ma décision depuis que je suis partie.
- Très bien, alors suis-moi.
Le prêtre la guida vers les profondeurs de sa tour, la conduisant par là même vers les profondeurs de son âme.
Son enseignement dura longtemps, et lorsqu'il fut terminé, plusieurs années s'étaient écoulées. Elhin ne se reconnaissait plus elle-même, elle avait besoin de sortir pour se forger de nouveaux repères.
Le teint pâle, elle remercia celui qui lui avait tant appris durant huit longues années et s'en fut avec ses remords et son corps frêle et tremblant.
Mais une nouvelle énergie pulsait en elle. Et une certitude. La puissance de l'ombre l'aiderait à soutenir, à aider ceux qu'elle aimait mieux que quiconque, et pour la première fois depuis longtemps, un peu de joie éclaira son visage.
Lui restait à retrouver son mari et son fils.
Elhin sur le chemin du retour.Elle marchait depuis longtemps déjà. Avait quitté Tirisfal depuis plusieurs jours. Le soleil la forçait ) faire des haltes fréquentes, car sa peau ayant blanchi à cause de son trop long séjour dans une tour poussiéreuse qui ne voyait jamais le soleil ne supportait plus sa force.
En milieu de journée, elle s'arrêta, épuisée, vidée de ses dernières forces. Elhin se trouvait près d'une rivière, et... voyait là quelque chose d'étrangement familier. Des bottes vertes fluo.
La malédiction avait-elle cessé ou ses bottes, lassées de se promener, avaient-elles voulues revenir vers elle ?
C'était par elles que tout avait commencé après tout !
"Pieds nus sur le saaableuuh". Une phrase qui lui sembla tellement lointaine, mais si réconfortante et en même temps si familière...
Elhin prit ses vieilles bottes et les rangea dans son sac. Puis repris sa route vers le sud.
Quelques jours plus tard, elle arrivait à Forgefer, la glorieuse, magnifique cité naine. Elle était exactement comme dans ses souvenirs. La prêtresse, malgrès la joie de retrouver ce lieu, ne s'y attarda pas. Elle devait se rendre à Hurlevent.
Elle se dirigea vers le tram, ingénieuse création gnome, et arriva bientôt à Hurlevent.
L'agitation, sitôt sortie du tram, l'abasourdit un moment. Les rues étaient pleines, les marchands nombreux. On était au printemps, et les achats allaient bon train : ici un vendeur de robes et de chapeaux, là un marchand de graines pour les plantations qui viendraient bientôt, ici du parfum ou des bijoux... Fendant la foule, Elhin se rendit à la vieille ville, avec l'espoir oppressant de trouver quelqu'un dans la taverne dans laquelle Vaegan était né...
Personne. Personne qu'elle ne connaissait en tout cas.
A ce moment, et pour la première fois depuis son départ, elle se dit qu'elle n'avait eu de nouvelles de personne depuis huit ans, qu'ils étaient peut-être tout aussi bien morts. Elle était partie en voulant les aider, les protéger, mais ne les avait-elle pas tout simplement abandonnés ?
Les remords la rongeaient, à présent, et elle courait dans tous les sens, en espérant apercevoir une connaissance... quelqu'un qui pourrait lui donner des nouvelles.
Elhin, le teint plus pâle que jamais, courut jusqu'à Compté-de-l'or.
"Bouche pâteuse". C'étaient les mots de Schlag qui l'avaient guidée ici.
N'était-ce pas dans cette auberge que...
Elhin interrompit brusquement ses pensées. Il y avait quelqu'un, près du lac, en train de pêcher...
- HOREZ !
Le nain se retourna, affichant un air grognon. Il n'aimait pas être interrompu pendant qu'il pêchait.
- Va chier, tu n'vois pas que j'pêche le poisson, non ?
- Horez, c'est Elhin...
Il la regarda avec des yeux ronds, puis la détailla. Après un moment, il fut bien forcé de croire qu'elle disait vrai. Ne voulant pas faire de grandes retrouvailles "émouvationnantes" avant d'avoir des nouvelles de son mari et de son fils, elle pressa Horez de les lui annoncer.
- Vaegan devait aller dans les Steppes Ardentes pour une affaire urgente. Quand à Heaven, il combat une invasion de Blonds à Silithus !
Elhin remercia donc Horez, et repartit directement. Direction, les Steppes Ardentes, puis elle prendrait le bateau pour Kalimdor...